Quels sont les modes d’intervention pédagogiques qu’utilisent les professeurs de chant auprès de leurs étudiants afin d’atténuer les symptômes d’anxiété de performance musicale
Par Christiane Jean
Doctorat en éducation musicale (Ph. D.)
Résumé du projet
Ce projet vise à étudier les actes d’intervention et d’interaction que le professeur de chant de niveau collégial et universitaire utilise pour aider ses étudiants à mieux gérer leur niveau d’anxiété de performance musicale (APM) en situation de pré-performance et de performance. Cette recherche se limite à une population de chanteurs qui enseignent ou étudient au niveau collégial et universitaire afin de travailler avec celle qui encadre les étudiants souhaitant mener une carrière professionnelle. L’APM est « une appréhension persistante et douloureuse concernant une détérioration des habiletés de performance dans un contexte public, et ce, de manière injustifiée en regard de l’aptitude musicale et du niveau de préparation du musicien » (Salmon, 1990). Très répandu chez les musiciens en formation, leur niveau d’APM serait même significativement plus élevé que celui des professionnels. De plus, ils se sentiraient très démunis pour y faire face. En effet, 73 % des 169 étudiants de niveau universitaire en musique (incluant des chanteurs) ayant participé à l’étude de Studer et coll. (2010) souhaitaient obtenir plus de soutien de spécialistes pour mieux gérer leur APM ; 56 % auraient aimé avoir plus d’encadrement de leur professeur d’instrument ou de chant sur ce plan, et 95 % considéraient que l’APM devrait être abordé dans leur formation musicale à l’université. Quant aux chanteurs, l’utilisation de stratégies d’intervention pour mieux gérer leur APM est particulièrement importante puisque la qualité de leur voix et du son émis dépend de leur conditionnement psychologique. Sans elles, ils risquent de ne plus contrôler adéquatement leur voix. Comme aucune recherche n’a identifié ce que ces professeurs de chant font concrètement pour aider leurs étudiants à mieux contrôler leur APM, il s’avère crucial de mener des recherches plus approfondies dans ce domaine afin (1) d’identifier les principaux modes d’intervention pédagogiques que les professeurs de chant disent utiliser avec leurs étudiants pour mieux gérer leur APM, de même que la fréquence à laquelle ils les abordent avec l’étudiant ; (2) répertorier et classifier les modes d’intervention et d’interaction qu’ils utilisent durant leurs leçons ; (3) répertorier et classifier les stratégies que les étudiants de ces professeurs disent utiliser pour mieux gérer leur APM.
Pour atteindre les objectifs, un questionnaire en ligne sera envoyé à des professeurs de chant de différents pays pour en identifier les outils, les stratégies et les conseils pédagogiques utilisés. Ces données feront ensuite l’objet d’analyses statistiques afin d’évaluer les types d’intervention privilégiés et la fréquence à laquelle les professeurs les utilisent. Par après, une étude de cas multiples sera effectuée et l’ensemble des leçons de chant données par dix professeurs du Québec à cinq de leurs étudiants qu’ils estiment plus souffrir de troubles d’APM sera filmé. Le cumul de ces données s’effectuera la semaine précédant un concert de classe, moment plus opportun pour aborder les aspects liés à l’APM dans leur enseignement. Pour terminer, des données seront recueillies des journaux de bord ou vidéos d’étudiants du Québec qui auront pris soin de remplir deux semaines précédant un concert et qui traiteront des stratégies utilisées.
Au Québec, ce projet doctoral permettra d’obtenir les premières données empiriques sur les types d’intervention offerts par les professeurs de chant à leurs étudiants anxieux et de déterminer si leurs interventions s’avèrent pertinentes. À l’international, il nous permettra de brosser un portrait plus vaste des modes d’intervention effectués par les professeurs de chant enseignant des pays ciblés. L’ensemble de ces résultats permettra de mieux cibler la formation à mettre en place au niveau universitaire pour aider les chanteurs et leurs professeurs à mieux gérer l’APM.